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Review: Palmer – This one goes to eleven

Aurelio

Riffs de mammouths, véritable secousse tellurique qui fait vibrer le sismographe et bien évidemment, les murs-maîtres avec, Palmer démarre très fort via un “Shedding skin” qui fait trembler les vertèbres. Mur de décibels qui se dresse devant nous, des nappes de guitares qui grimpent en apesanteur, guitares mouvantes, le groupe évolue constamment entre hardcore agressif et post-rock organique. Moins sauvage, mais tout aussi monolithique (on pense souvent à Kehlvin), “Who am I” questionne et exige une réponse. Forcément, vu les arguments du groupe, on s’empresse d’accéder à sa requête. Seulement, on entrevoit déjà les blasés objecter haut et fort qu’il ne s’agit que d’un énième combo post-hardcore de plus. Sauf que là où le groupe aurait pu se contenter d’asséner les blasts avec l’énergie du désespoir ou de donner dans la décharge haineuse et primaire, Palmer a su ouvrir sa musique à d’autres genres. Noisy mais implacable, saturé ou plus minimal, tantôt aérien, tantôt plus profondément ancré dans le sol (voir le sous-sol), le groupe sait se faire parfois math-(hard)core, d’autres fois plus rock atmosphérique (“Bury the bones”), même s’il n’est jamais meilleur que quand il envoie du bois dans les enceintes.

Un chant rageur qui s’élève des profondeurs pour éclairer les ténèbres, Palmer sort les guitares, monte les décibels et admire le résultat, lequel renvoie autant à Cult of Luna qu’aux plus méconnus Benea Reach (“Bitter sweet revenge”). Du postcore pur jus en sommes, sauf que les suisses se plaisent à insérer des passages complètement jazzy dans leur musique. Quelques moments d’élégance feutrée qui contraste complètement avec le côté frontal et acéré de la musique de Palmer, tout en restant parfaitement cohérent. Etonnant. Si le chant a parfois tendance à partir dans les aigüs et à nous égarer quelques instants sur des chemins de traverse qu’il ne maîtrise pas forcément, le groupe sait parfaitement réagir à coup de riffs massifs et de vocaux ravageur pour nous remettre dans le droit chemin. Hardcore post-chaotique, noise crépusculaire, post-rock mis en pièce par une double pédale qui matraque joyeusement un ensemble compact et impeccablement bétonné (“Temptation”, “Deception”). Affirmant un peu plus sa puissance sur l’éruptif “Times past way”, le groupe livre un titre qui suinte la rage brute. Une fureur épidermique qui ne démande qu’à éclater au grand jour. Paroxystique, le (post)hardcore des hélvètes atteint alors un sommet d’intensité sur la première partie de “Souls divided” avant de laisser doucement retomber la pression le temps d’un deuxième acte plus ambient/ électroacoustique. Toujours ce jeu des contrastes qui trouve son épilogue avec l’expérimental “Eleven” et ses quelques 3’52” de bidouillages énigmatiques sortis de nulle part. Etrange, et pas forcément indispensable même si ceci n’enlève finalement rien à la qualité d’un This one goes to eleven à la force de persuasion tout bonnement impressionnante.

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